Remarques
rapides sur le texte de 2006 intitulé
« Compter Mesurer
Calculer ou La connaissance intime du
nombre »[i]
Pourquoi
republier en 2019 un texte de 2006 ?
… Pour de multiples raisons
… et notamment pour la défense de la « méthode
globale » en arithmétique.
Texte complet en pdf à http://michel.delord.free.fr/calc2006-reedition01.pdf
Le
GRIP réédite le texte de 2006 « Compter Mesurer Calculer … » que
vous pouvez trouver ICI .
C’est donc un texte vieux d’une petite vingtaine d’années. Il mérite quelques
remarques complémentaires actualisées pour deux types de raisons :
1) en 2006 j’avais
volontairement omis d’avancer un certain nombre de thèses pourtant fort
importantes. Pour être comprises et donc éviter si possible toute
mésinterprétation et débat stérile, ces « nouvelles thèses »
supposaient en effet un certain nombre de prérequis théoriques que je n’avais
pas eu le temps de développer et de documents historiques rares que je n’avais
pas eu le temps de scanner. Si, sans explication rationnelle et sans preuves
historiques solides, j’avais défendu
publiquement 2006 « la méthode
globale en calcul », ça
n’aurait pas fait avancer la compréhension de ma critique de la fausse
opposition syllabique/globale pour les méthodes d’écriture-lecture, fausse
opposition partagée par les pédagogistes et les républicains. Or cette
compréhension était et demeure indispensable justement pour comprendre la
nécessité de la « méthode globale » pour l’apprentissage initial de la
numération. En bref, pour comprendre pourquoi la « méthode globale »
est utile en arithmétique, il faut comprendre pourquoi elle est un véritable obstacle à la connaissance du
français écrit[ii].
Il faut remarquer cependant que
- la
méthode globale - la vraie – est un
excellent outil d’apprentissage de l’écriture pour les sourds mais c’est un
outil difficile à manier ; c’est le contraire qui serait étonnant au vu de
la difficulté de cette tâche
- le débat fondamental ne porte pas sur la
lecture mais sur l’écriture car
- si
les partisans de la « syllabique » avaient eu une bonne compréhension du
problème ils auraient dû, au lieu de se focaliser sur les méthodes de lecture, s’attaquer
principalement à « l’écriture globale » car elle ne peut pas exister.
-
fondamentalement, Maurice Block, auteur
de la « Méthode Schüler » recommandée par Ferdinand Buisson, montre
qu’« on ne peut évidemment pas lire ce
qui n’a pas été écrit. Ce que les hommes ont dû inventer, c’est donc
l’écriture, le signe visible de la parole : la lecture s’ensuivait
nécessairement. »
2) le point de vue
central et historique du GRIP
affirme : parmi tous les facteurs
influençant le développement de l’école, le plus important est la qualité et la
cohérence structurelles des programmes et des progressions. De ce point
de vue théorique, il n’y a, au mieux, pas de changements depuis les programmes de 2002. Je
pourrais en multiplier les exemples et faire remarquer notamment que le rapport
Villani nous dit, comme nous le disait déjà en 2002 la commission Joutard /
Thélot que les programmes n’ont qu’une importance secondaire et que c’est
« le reste » qui est le
plus important. De la même manière la simultanéité de l’enseignement de la
numération et du calcul dès la maternelle (« les 4 op en CP ») n’est
pas plus au programme actuel qu’elle ne l’était en 2002. Et enfin pour faire
bonne mesure notons que la structuration des programmes consolidés de 2018
suivant le découpage Nombres et Calcul,
Grandeurs et mesures et Espace et géométrie traduit bien une deuxième mort de
« L’Arithmétique » d’avant 1970, qui elle était interdisciplinaire, en séparant notamment « Nombres
et Calcul » de « Grandeurs
et mesures » et « Grandeurs
et mesures » de « Espace et
géométrie »[iii].
On peut également noter, pour s’appuyer sur des éléments récents, que celui qui
semble être le spécialiste reconnu des fractions, je veux dire Jean Toromanoff,
vient de faire deux journées de formation sur ce sujet : sans prétendre faire une
analyse globale des positions développées dans ces formations (par exemple ICI) , on peut
remarquer des affirmations dont le moins que l’on puisse en dire est
« qu’elles réclament quelques éclaircissements » puisque Jean
Toromanoff
- explique que « Les fractions sont introduites pour pallier l'insuffisance des nombres entiers ». Ce n’est pas ce que semble ressentir le Jojo de "Jojo viole les lois de la didactique"
- répond à la question « Pourquoi travailler sur les fractions en primaire ? » par « Pour construire la connaissance des décimaux (et c’est tout...) »
- affirme « Si on ne travaille que sur l'écriture, on ne travaille pas sur le nombre». Cette affirmation est douteuse à mon sens : à supposer que l’on puisse définir ce que signifie « ne travailler que sur l’écriture », si on travaille sur l’écriture de(s) nombre(s), on travaille bien, quoi qu’il en soit, sur le(s) nombre(s). De plus l’insistance forte sur l’importance à accorder « au nombre » liée à la sous-estimation du rôle dévolu à « l’écriture du nombre » a un lourd passé en didactique des mathématiques puisque c’est au nom de cet argument que, au début des années 1970, l’on a fait apprendre aux élèves de CP des calculs dans diverses bases avant qu’ils n’aient automatisé le calcul en base 10.
- explique que « Les fractions sont introduites pour pallier l'insuffisance des nombres entiers ». Ce n’est pas ce que semble ressentir le Jojo de "Jojo viole les lois de la didactique"
- répond à la question « Pourquoi travailler sur les fractions en primaire ? » par « Pour construire la connaissance des décimaux (et c’est tout...) »
- affirme « Si on ne travaille que sur l'écriture, on ne travaille pas sur le nombre». Cette affirmation est douteuse à mon sens : à supposer que l’on puisse définir ce que signifie « ne travailler que sur l’écriture », si on travaille sur l’écriture de(s) nombre(s), on travaille bien, quoi qu’il en soit, sur le(s) nombre(s). De plus l’insistance forte sur l’importance à accorder « au nombre » liée à la sous-estimation du rôle dévolu à « l’écriture du nombre » a un lourd passé en didactique des mathématiques puisque c’est au nom de cet argument que, au début des années 1970, l’on a fait apprendre aux élèves de CP des calculs dans diverses bases avant qu’ils n’aient automatisé le calcul en base 10.
* * *
Ceci dit, même s’il n’y a
pas de changements fondamentaux depuis 2006, le texte « Compter Mesurer Calculer … » mérite bien, au bout d’une vingtaine
d’années, quelques commentaires supplémentaires que vous trouverez sur le blog SLECC-CQFD,
ou aux adresses
etc.
Cabanac, le 20/03/2019
Michel Delord
Lire aussi : Jojo viole les lois dela didactique
[i] Ce texte est le chapitre III du
livre « Lire Écrire Compter Calculer : la
pédagogie oubliée » publié en 2006. Il s’agissait d’un recueil d’articles tirés du « Dictionnaire de
pédagogie et d’instruction primaire de Ferdinand Buisson ».Le choix des textes
et les commentaires sont de Michel Delord et Guy Morel, récemment décédé.
Vous trouverez l’intégralité du livre et d’autres textes de Ferdinand Buisson à l’adresse
http://michel.delord.free.fr/dp.html .
Vous trouverez l’intégralité du livre et d’autres textes de Ferdinand Buisson à l’adresse
http://michel.delord.free.fr/dp.html .
[ii] Pour toutes ces
questions lire un texte court - une page - :
Michel
Delord, Écriture-lecture/Lecture-écriture versus Globale/Syllabique, mai 2006.
[iii] Reconnaissons
cependant que semble avoir disparu le nocif découpage « Organisation et gestion de données ».
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