Lettre ouverte
- à M. Cédric Villani et Charles Torossian, chargés de mission par le ministre de l’Education nationale
- à M. Christophe Kerrero, directeur de de cabinet du ministre de l’éducation
- à M. Jean-Marc Huart, directeur général de l’enseignement scolaire
- à M. Stéphane Seuret, président de la SMF
- à Mme Louise Nyssen, chargée des questions d'enseignement au bureau de la SMF, et pour transmission à la Commission Enseignement
- au Groupe de travail des sociétés savantes, co-animé par Aviva Szpirglas et Philippe Marquet
- à M. Bernard Julia
- à M. Jean-Pierre Demailly, président du GRIP, pour transmission au GRIP
Copies à M. Jean Nemo et Mme Monica Neagoy (La librairie des écoles)
Texte complet (8 pages)
Extraits : ( en gros les deux dernières pages)
En
gros
les Singapore Maths ont eu comme matrice la première critique – insuffisante – des maths modernes datant des années
75/85. A mon sens la vraie rupture ne se
place pas dans ces années mais au moment de la rupture des maths modernes
(c'est-à-dire les années 60 et début 70). Si cela est vrai cela signifie que, quelque part, les thèses des Singapore
Maths comportent des faiblesses et demandent des modifications : c’est exactement
ce que je pensais au moment où j’ai rencontré Madge Goldman en 2004 et je le pense
toujours aujourd’hui Et c’est bien parce que je
pense que des modifications sont indispensables
– et non par besoin de dénigrer
la LDE – que je me suis intéressé supra
au degré de liberté dont peuvent jouir ceux des partisans des Singapore maths
qui les considèrent comme la moins mauvaise solution mais qui peut encore
grandement s’améliorer sur des points fondamentaux. J’ai affirmé plus
haut que la « vraie rupture se place au moment de la rupture des maths
modernes. Je n’ai pas, bien sûr, le temps de développer l’idée ici, mais je
voudrais donner deux exemples portant sur
des sujets fondamentaux qui montrent la continuité en primaire de 1880 à
1970 (réforme des maths modernes), la rupture en 70 et la continuité de 1970 à
maintenant :
- le premier exemple est celui de
l’enseignement simultané du comptage et du calcul (qui implique comme
point particulier les quatre opérations en CP et même en maternelle parce que,
dès que l’on atteint 2 on peut faire des divisons) : on enseigne les 4
opérations en CP en continu de 1882 à 1970 et on ne le fait plus du tout de 1970
à 2017
- le deuxième exemple est celui du
rapport entre les mathématiques et la physique : de 1880 à 1970 on
a, sous le nom d’arithmétique, un enseignement combiné des mathématiques et
de la physique que ce soit au niveau du calcul (avec le calcul sur les
grandeurs et les premières notions de calcul dimensionnel du type : Si tu divises des mètres par des mètres, tu
ne trouves pas des mètres) ou de la géométrie puisque le cours commence par
la définition de LA verticale et DES horizontales , ce qui fait que l’on est
directement dans un espace physique. A partir de 70, on commence la géométrie
dans des espaces ponctuels (là où il y a
des points même là où il n’y a rien) et isotropes (c'est-à-dire dans lequel il
n’y a aucune direction privilégiée) ce
qui ne facilite vraiment pas la
perception intuitive de l’élève, c’est le moins que l’on puisse en dire. Les
grandeurs sont explicitement interdites en 70 et même si le mot grandeur
commence à réapparaitre depuis une dizaine d’années, il n’y a pas de cours
systématique sur les opérations sur les
grandeurs et lorsqu’ils ne prétendent pas que c’est une erreur grave d’enseigner
des choses du type « Si tu divises
des mètres par des mètres, tu ne trouves pas des mètres », les manuels
et les formateurs n’en parlent pas.
Rétablir l’enseignement
simultané du comptage et du calcul ne serait-il pas un objectif souhaitable ?
Et, pour le primaire, penser le cours d’arithmétique non comme un cours de
mathématiques mais comme un ensemble organisé de connaissances liant les
mathématiques et la physique ne serait-il pas également un autre objectif tout
aussi souhaitable ?
Je pense que ce sont deux
objectifs souhaitables mais que les Singapour Maths ne les réalisent pas (…pour
le moment ?).
A Cabanac, le 31
octobre 2017
Michel Delord
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire