jeudi 18 janvier 2018

Des programmes et du Conseil Supérieur des Programmes - Il y a CSP et CSP !

Images des maths : Le débat du 18, Janvier 2018.
Note technique 06 pour la Commission Torossian/Villani


La « question centrale de l’enseignement » est en France doublement  la question des programmes.

En général  la qualité des programmes est le facteur déterminant pour avoir un « bon système d’instruction », une autre manière de le dire étant que le contenu prime sur la méthode. Cette position est certes défendue en France par le seul GRIP mais on doit rappeler que c’est la préconisation centrale pratiquée dans « la méthode de Singapour »  et défendue par le TIMSS depuis le début des années 2000 notamment dans l’article publié par l’AFT (American Federation of Teachers) intitiulé «  A coherentcurriculum : the case of mathematics ». C’est la principale conclusion que le TIMSS tire de l’enquête mondiale faite en  1996, enquête que la France  avait abandonnée précipitamment au vu du caractère catastrophique des premiers résultats obtenus : ceci expliquant probablement en partie que le MEN n’ait jamais vraiment communiqué  sur cette caractéristique d’un bon système scolaire et qu’il continue apparemment à agir de même puisque l’on ne peut pas dire que le monde éducatif officiel réclame à grands cris que la définition des programmes ait un rôle cental.

Ce qui selon le TIMSS caractérise un bon programme est, d’abord 
- sa cohérence, c'est-à-dire la définition précises des prérequis pour passer d'un niveau au niveau suivant et la complémentarité des programmes de chaque matière.
- sa compacité : un programme est d'autant plus efficient qu'il comprend pour un niveau donné un nombre raisonnable de nouvelles notions sous réserve qu’elles soient étudiées de manière suffisamment approfondie. La caractéristique d'un mauvais programme est, au contraire, pour chaque niveau, d’aborder un nombre important de notions traitées de manière superficielle, l'étude de chaque notion s'étendant sur un très grand nombre d'années. Il est étendu mais sans profondeur : « A Mile Wide, an Inch Deep. »
Or, comme nous le verrons infra les programmes français ne sont, en ce sens, ni compacts ni cohérents.
Si les programmes ont vraiment un rôle déterminant dans la qualité d’un système scolaire et si les programmes français sont déficients, il faut les réécrire. Mais l’on verra que  le fait que la réécriture soit indispensable n’entraine pas que ce soit LA tache immédiate : il existe un certain nombre de prérequis indispensable pour que cette réécriture ne soit pas un échec, prérequis qui n’ont justement pas été respectés lors des réécritures récentes des programmes depuis au moins 1997 ; pour le dire vite ces prérequis concernent ce que j’ai appelé les questions fondamentales disciplinaires.
Enfin, puisqu’il est question de programmes,  on est logiquement obligé d’aborder la question du rôle du CSP (Conseil Supérieur des Programmes)  et comme le dit le texte « Il y a CSP et CSP » car la nature et la fonction de celui-ci ne peuvent être les mêmes  si les programmes sont considérés ou non comme le facteur principal de la réussite scolaire et si l’on considère ou non que des programmes  cohérents et compacts sont indispensables.

Toutes ces questions et quelques autres sont abordées dans
« Des programmes et du CSP », Note technique 06 pour la Commission Torossian/Villani

mercredi 3 janvier 2018

Lettre d'Antoine Bodin : La DEP(P) à l'insu de son plein gré

Note technique 05a pour la Commission Torossian/Villani
Bonjour

Je connais Antoine Bodin depuis de nombreuses années et, « même si nous sommes loin d’être d’accord sur tout »,  j’apprécie non seulement les capacités d’analyse qu’il a montré lorsqu'il a eu des positions de responsabilité aussi bien pour PISA et TIMSS qu’au sein du Conseil national des programmes, mais je l'apprécie encore plus pour le non conformisme dont il fait preuve.

Après avoir publié « CQFD : Libérez-nous de tous les enfants légitimes de la technocratie… » – texte non conformiste qui traite d’évaluation –, j’ai pensé à l’envoyer pour avis à Antoine Bodin.
Celui-ci a non seulement répondu mais l’a fait sous une forme publiable. C’est le texte que vous trouverez infra.
Il y mentionne l’existence depuis les années 80 d’au moins deux évaluations dont les résultats «déjà bien en deçà des attentes »  étaient fâcheux pour l’APMEP ou quelques secteurs du pouvoir, ce qui a abouti soit à leurs non publications soit, comme le dit Antoine avec un brin d’humour, à ce que « les comptes rendus de l’évaluation ont été réduits au minimum et fortement édulcorés ».
Vous ne trouverez pas dans cet envoi les deux évaluations mentionnées ci-dessus mais nous les publierons sous peu avec un commentaire (supposé) adéquat. Nous publierons également le texte de 2004 « Alerte aux maths »  dont Antoine Bodin nous dit :
 « À ce propos j’évoquerais un texte que j’ai écrit en 2004 après 15 ans de conduite de l’observatoire EVAPM. Sortant de la réserve et de la prudence que je considérais devoir être de rigueur dans ce cadre, j’avais titré le texte « Alerte aux maths ? » le point d’interrogation laissant la porte ouverte à des interprétations et à des discussions variées. En fait l’APMEP pas plus que d’autres instances ont prêté beaucoup d’attention à ce texte, lequel, à ma connaissance n’a jamais été publié ».
Bonne lecture et encore merci à Antoine Bodin.
Cabanac, le 3 janvier 2018
Michel Delord

Cette introduction et le texte d'Antoine Bodin  sont à http://micheldelord.info/nt-05a_bodin.pdf

Dans le texte publié le 3 janvier 2018 et intitulé « Lettre d'Antoine Bodin : La DEP(P) à l'insu de son plein gré », on pouvait lire

Nous publierons également le texte de 2004 « Alerte aux maths »  dont Antoine Bodin nous disait donc :
 «En fait l’APMEP pas plus que d’autres instances ont prêté beaucoup d’attention à ce texte, lequel, à ma connaissance n’a jamais été publié ».

Vous pourrez donc lire le texte « Alerte aux maths » , dont le moins que l'on puisse en dire est que l'APMEP n'en a pas fait une large publicité. Il donne de nombreux éléments qui permettaient à un esprit même moyennement doué  de comprendre – contrairement à ce qui était claironné sur tous les toits des medias relayant « La Recherche », celle qui Montre indubitablement que ...–  que le niveau baissait.

Mais en fait pour utiliser la métaphore d’Antoine Bodin  « l’APMEP pas plus que d’autres instances » n’en ont déduit d’autres conséquences que la nécessité de casser le thermomètre comme  il le prévoyait depuis quinze ans maintenant :

Avec un peu de chance, EVAPM disparaîtra rapidement et tout espoir de comparaison sera englouti avec. Cela arrangera bien du monde et toutes les autruches qui préfèrent garder la tête dans le sable plutôt que d’affronter la vérité ou ce que l’on peut en percevoir.

Il y a encore deux évaluations, ‘dont les résultats n’ont pas été publics’, à publier mais entre-temps, vous pouvez toujours
- monter un comité de soutien aux autruches qui, même si elles gardent la tête dans le sable – ce qui est idiot mais personnel–, ne font jamais ce qu’ont fait et de manière continue  « l’APMEP et d’autres instances», c'est-à-dire travailler intensément à mettre la tête des autres dans le sable…  
- consulter le site extrêmement riche d’Antoine Bodin https://antoine-bodin.com/ , et dont la lecture a été grandement facilitée par la récente mise à jour des liens.
Bonne lecture. MD